Toucher sa retraite à 60 ans après 168 trimestres cotisés n’a rien d’un mythe réservé aux anciens du bitume ou des chaînes. La loi le permet, à condition de cocher toutes les cases du dispositif « carrière longue », mais gare à ne pas confondre vitesse et précipitation : les règles du cumul emploi-retraite, elles, obéissent à une logique bien différente.
Peu le savent : des restrictions parfois inattendues freinent le retour au travail ou brident le total des revenus perçus en cumul. Les options changent du tout au tout selon la caisse d’affiliation, le moment du départ ou la composition précise de vos trimestres validés.
Plan de l'article
Comprendre le cumul emploi-retraite à 60 ans : ce que dit la loi
Le cumul emploi-retraite à 60 ans, souvent perçu comme un horizon séduisant, attire bon nombre d’actifs qui atteignent 168 trimestres. Pourtant, la loi dresse une démarcation nette entre deux solutions distinctes : cumul intégral ou cumul plafonné. Il ne s’agit pas simplement de chiffres, mais bel et bien de la réalité concrète une fois vos droits liquidés et la retraite enclenchée.
Accéder au cumul intégral implique de remplir toutes les conditions : avoir atteint l’âge légal (62 ans pour les générations récentes) et posséder la durée d’assurance ouvrant droit au taux plein. Partir à 60 ans, même avec 168 trimestres cotisés, relève du dispositif dit « carrière longue » et des règles bien moins souples.
Voici les deux options au moment du cumul :
- Cumul emploi-retraite intégral : s’adresse à ceux qui totalisent les droits au taux plein à l’âge légal et peuvent reprendre une activité sans contrainte sur le montant des revenus.
- Cumul emploi-retraite plafonné : concerne ceux partis plus tôt grâce à la carrière longue. Là, le total « pension + salaire » ne doit pas dépasser le dernier salaire ou 1,6 fois le SMIC, selon ce qui vous est le plus favorable.
Cette mécanique dépend également du régime d’affiliation : régime général, complémentaire agirc-arrco, indépendants ou fonction publique. Mais une fois la retraite déclenchée, acquérir de nouveaux droits devient impossible, que ce soit sur les trimestres de base ou la complémentaire.
En clair, reprendre une activité salariée avant 62 ans ou sans avoir atteint le taux plein verrouille l’accès au cumul sans plafond. Ceux qui optent pour un départ anticipé voient donc leur cumul étroitement encadré.
Carrière longue et 168 trimestres : qui peut partir plus tôt ?
Le dispositif « carrière longue » donne accès à un départ anticipé à la retraite avant l’âge légal. Cumuler 168 trimestres cotisés peut permettre un départ à 60 ans, mais attention, tous les trimestres ne se valent pas. Ce sont les périodes effectivement travaillées qui comptent principalement, tandis que seuls certains moments, comme le service national ou des périodes reconnues de chômage indemnisé, sont éventuellement pris en compte. D’autres situations, liées à l’invalidité ou à l’incapacité permanente, peuvent entrer dans le calcul selon votre parcours.
En réalité, rassembler 168 trimestres n’est jamais suffisant en soi. Le détail de leur nature et la date des premiers pas dans le monde professionnel pèsent considérablement. Les trimestres purement cotisés deviennent décisifs, au détriment de la plupart des trimestres dits assimilés.
Voici les deux profils fréquemment concernés :
- Ceux qui ont démarré leur vie professionnelle avant 20 ans et atteignent le seuil de 168 trimestres avec, par exemple, une part de service national ou des périodes reconnues en tant que travailleur handicapé.
- Ceux qui, bien qu’ayant atteint 168 trimestres sur le papier, ne remplissent pas toutes les conditions à cause de périodes non cotisées ou d’un parcours trop fragmenté.
Au final, le dispositif « carrière longue » reste réservé à une minorité, souvent issue de secteurs où la pénibilité s’impose, mais cette réalité ne se limite pas à certains métiers manuels. La reconnaissance de la pénibilité, du statut de travailleur handicapé ou d’autres situations, peut faciliter l’accès à ce départ anticipé. Mais tout examen est individualisé. Les caisses de retraite passent chaque dossier au peigne fin.
Le cumul emploi-retraite est-il possible après un départ anticipé ?
À 60 ans, après 168 trimestres validés, nombre de futurs retraités s’interrogent sur les règles réelles du cumul. Là encore, la liberté n’est pas totale : deux voies demeurent, cumul intégral ou cumul plafonné, selon les critères remplis.
Le droit au cumul intégral ne s’ouvre qu’après liquidation de tous les régimes, de base et complémentaires comme l’agirc-arrco pour les salariés, et si la durée d’assurance pour le taux plein est atteinte. Ceux qui partent en « carrière longue » répondent en général à ce second critère, à condition d’avoir soldé tous leurs droits au moment du départ. Dans cette situation, il n’y a pas de limite : le revenu du nouvel emploi s’additionne intégralement à la pension.
Faute d’avoir validé toutes ces conditions, seul le cumul plafonné reste possible. Le montant « pension + salaire » ne peut alors pas dépasser le montant du dernier salaire, ou 160 % du SMIC, selon ce qui vous est le plus favorable. Si le seuil est franchi, le versement de la complémentaire peut être suspendu temporairement.
Sachez-le : toute nouvelle cotisation retraite versée en cumul emploi-retraite ne générera pas de droits ou de points supplémentaires. Les cotisations servent à alimenter le régime des actifs, sans ouvrir la moindre porte à une « seconde retraite ». Rien n’a changé après la réforme de 2023 pour ceux qui sont concernés par un départ anticipé.
Questions fréquentes et conseils pratiques pour bien préparer sa retraite
Mettre sur pied son départ à 60 ans, après 168 trimestres, implique de s’organiser en amont et de naviguer dans les subtilités du cumul emploi-retraite sans faux pas.
Pour vérifier vos droits, il est indispensable de consulter votre relevé de carrière. Ce document recense tous les trimestres cotisés ainsi que les périodes assimilées comme le service national, le chômage ou l’invalidité. Mieux vaut contrôler chaque mention, repérer d’éventuelles incohérences et demander rectification auprès des caisses si besoin.
Reprendre un emploi reste envisageable, à une condition : respecter scrupuleusement les règles du cumul (intégral ou plafonné). La pension de vieillesse n’est pas remise en question, mais toute reprise d’activité doit toujours être signalée à l’organisme de retraite, histoire d’éviter des tracas administratifs. Surveillez aussi l’impact fiscal : entre la csg et les prélèvements sociaux, le cumul modifie la fiscalité de votre nouvelle situation.
Certains secteurs imposent des règles ou des démarches spécifiques. Voici quelques situations où la prudence s’impose :
- Les personnels affiliés à la Ratp ou à la SNCF dépendent de régimes particuliers : se rapprocher de sa caisse pour clarifier ses droits est un préalable indispensable.
- Les assurés de la MSA (secteur agricole) peuvent bénéficier d’une approche dédiée pour l’accompagnement.
Mettez également à jour votre relevé de carrière de façon régulière, et démarrez votre demande de retraite au moins six mois à l’avance. Sur tout le territoire, de Paris à Strasbourg, les points d’accueil retraite assurent un appui précieux pour valider votre situation. Rester attentif, c’est la meilleure assurance pour traverser ce passage en toute tranquillité.
En somme, partir à 60 ans avec 168 trimestres, c’est franchir un cap autant administratif que personnel. Cette ligne franchie, le chemin n’est pas figé : entre nouveaux projets et terrain de jeu des règles du cumul, chacun trace sa voie, sans mode d’emploi tout fait.


